AFPC

Assoc. Française de méditation de Pleine Conscience

Lien entre la Pleine Conscience et un mécanisme adaptatif de résignation positive

Les psychologues ont mis en évidence un mécanisme adaptatif de résignation positive expliquant une partie des effets positifs de la pratique de la méditation de Pleine Conscience qui en développant notre capacité d’acceptation  permet à notre corps de déclencher ce mécanisme psychobiologique.

Comme le dit l’adage tibétain, le Bonheur ne peut être cherché qu’à l’intérieur de nous et ne dépend pas des circonstances extérieures, mais bien du regard que nous portons sur les choses.
Verre à moitié plein, verre à moitié vide … optimisme diront certains. Les psychologues se sont intéressés à cette capacité que nous avons de « synthétiser » le Bonheur même dans des conditions difficiles. 2 expériences sont pour cela édifiantes.

Première expérience

Des psychologues ont demandé à des étudiants canadiens de classer 5 objets par ordre de préférence, du plus apprécié (numéro 1) au moins apprécié (numéro 5).
Ils ont ensuite annoncé aux participants qu’ils pourraient garder à la fin de l’expérience l’un de ces objets, soit le numéro 3, soit le numéro 4. Presque tous ont naturellement choisi le numéro 3, qu’ils avaient mieux classé que le numéro 4.
Quelques jours plus tard, ils ont demandé aux mêmes participants de classer de nouveau les 5 objets dans l’ordre de préférence. L’objet numéro 3 qu’ils avaient choisi s’est naturellement retrouvé mieux classé que la première fois (en général en 2ième position). Il semble donc que le simple fait de posséder à termes cet objet lui donnait plus de valeur.
Pour approfondir ce phénomène, les psychologues ont effectué le même test avec des amnésiques (perte de mémoire à court terme). Ces patients oubliant 30 minutes plus tard qu’ils venaient de faire l’expérience et ne reconnaissant même plus les psychologues ! Pourtant en refaisant l’expérience 30 minutes ils ont mieux classé l’objet qu’on leur avait attribué alors même qu’ils ne se souvenaient plus de la première expérience et donc qu’on leur avait attribué cet objet !
Cette « valeur » attribuée à l’objet est donc « codée » dans notre cerveau au moment de l’attribution. Il semble donc qu’il existe un mécanisme « naturel » qui accroît spontanément la valeur subjective de ce que nous possédons …

Deuxième expérience

Pour mieux comprendre ce mécanisme les psychologues ont réalisé une expérience sur un campus, demandant à des étudiants de prendre des photos sur un thème. A la fin des séances photos ils leur ont annoncé que chacun devrait sélectionner seulement 2 photos parmi les 100 aines qu’il avait réalisées. Choix difficile … On leur a ensuite demandé d’évaluer leur niveau de satisfaction par rapport aux 2 photos sélectionnées.

Enfin les psychologues leur ont annoncé que sur ces 2 photos ils devraient en donner une au professeur pour archive et en garder une seule pour eux !

Une fois ce choix effectué on a redemandé à ces étudiants d’évaluer leur niveau de satisfaction par rapport au choix effectué. Comme dans la première expérience (classement des 5 objets), leur niveau de satisfaction pour l’unique photo conservée a augmenté une fois le choix effectué … Une forme d’attachement et de satisfaction accrue vis-à-vis de la photo leur «appartenant ».

MAIS, phénomène fascinant, les psychologues se sont aperçus que cette augmentation de la satisfaction ne se produisait que lorsque le choix était présenté comme « définitif » ! En effet si on expliquait aux étudiants qu’ils pourraient modifier leur choix de photo plus tard leur niveau de satisfaction n’augmentait pas !

Ainsi, ce mécanisme de « survalorisation » ne fonctionne que lorsque la situation est perçue comme « définitive ».

Une forme de processus d’adaptation que nous pourrions qualifier de « résignation positive » qui se comprend parfaitement dans une logique évolutionniste : lorsque l’organisme est confronté à une situation difficile perçue comme définitive il est en mesure de « survaloriser » cette situation pour mieux la supporter !

Ce mécanisme biologique et psychologique pourrait servir de base d’explication à de nombreux phénomènes …
– Etudes montrant que le niveau de bonheur de personnes handicapées redevient « normal » 1 an après leur accident (après la phase d’acceptation)
– Capacité au bonheur de populations très pauvres qui manquent pourtant de « l’essentiel »
– Insatisfaction chronique dans nos sociétés matérialistes où nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous « possédons », car les publicitaires nous invitent toujours à ne pas percevoir notre achat comme « définitif » en nous vantant régulièrement les mérites d’un nouveau produit encore mieux que le précédant … le produit que nous possédons apparaissant alors tout à coup comme « insuffisant » ! (voitures, téléviseurs, téléphones …)
– Le syndrome de Stockholm qui fait que les victimes de prises d’otages développent des sentiments positifs vis à vis de leur agresseur pourrait aussi être issu de cette «résignation positive » ( ?)
– Etc.

Mais rappelons bien la condition essentielle à cette « survalorisation »: que la situation soit considérée comme « définitive », c’est-à-dire qu’elle soit réellement acceptée.

C’est sans doute le même mécanisme adaptatif qui permet d’améliorer nos ressentis en travaillant notre Acceptation face aux événements et émotions de la vie (ex : Mécanisme de deuil : une fois que l’on a « accepté » la mort d’une personne comme étant définitive, le corps peut enfin « faire avec » et la douleur s’estomper)

D’où la vertu d’Acceptation de la Pleine Conscience que j’ai déjà évoquée – qui nous permet de faire face « au présent » aux événements tels qu’ils sont, sans évitement. Grâce au phénomène évoqué plus haut, la vie prend alors « biologiquement » plus de « valeur » puisque notre esprit n’est pas dans une échappatoire permanente vers un futur que nous rêvons plus clément …

Passionnant vous ne trouvez pas ?

Très belle journée,

Julien, pour l’AFPC.

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