AFPC

Assoc. Française de méditation de Pleine Conscience

La Conscience et notre cerveau ?

Des progrès récents en neurosciences nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement de notre cerveau et éclairent de manière passionnante ce concept que nous appelons « conscience ».

Grâce à l’étude de patients ayant subi une section du corps calleux (pour atténuer des crises d’épilepsie) et ayant donc les 2 hémisphères qui ne communiquent pas, les scientifiques ont découverts quelques spécificités du cerveau humain.

Tout d’abord ils ont découvert que le cerveau est organisé en modules de traitement indépendants, chacun assurant des fonctions précises et pouvant travailler en parallèle. Une fois leur part du travail effectuée, ils transmettent le résultat de cette fonction aux autres modules concernés. Ils ont ainsi pu identifier des spécificités liées à chaque hémisphère, en fonction des « modules » de traitement localisés dans l’un ou l’autre. Ainsi par exemple le module spécialisé dans les associations complexes est le cerveau gauche. Présentez à l’œil gauche (donc au cerveau droit) de ces patients l’image d’un tas de bois, puis d’une allumette, ils auront du mal à les associer à l’image d’un tas de bois en feu, ce que le cerveau gauche pourra faire sans problèmes.

Le cerveau gauche est aussi celui du langage.

Plus intéressant encore, ils ont découvert que la « conscience » était spécifique à chacun de ces modules !

Pour mettre cela en évidence, ils se sont d’abord aperçus que lorsqu’on montrait au cerveau droit du patient une image (via l’œil gauche), et que l’on demandait au cerveau gauche (par le biais du langage) ce qu’il avait vu, et bien le patient était incapable de répondre ! Son cerveau gauche n’était donc pas « conscient » de ce qu’avait vu le cerveau droit !

Pour aller encore plus loin, si un patient a un nerf optique endommagé (donc une lésion qui ne se situe pas au niveau du cerveau mais en amont), le patient sera conscient d’avoir perdu une partie de son champ de vision et l’exprimera. Par contre si la lésion se situe directement sur le module de traitement au niveau du cerveau et bien le patient ne sera pas conscient qu’il a perdu une partie de son champ de vision et vous jurera que tout va bien !

Il semble donc que d’une certaine manière la conscience est directement associée à chaque module de traitement. Il n’y a pas une conscience unique mais autant de consciences que de modules !

Les scientifiques se sont alors demandé pourquoi dans ces conditions nous avions une conscience d’unité, d’un Soi unique ?

Ils ont alors découvert un module très particulier qui assure cette cohésion, le module « interprète », situé sur le cerveau gauche.

Ce module s’appuie sur les informations remontées par les différents modules, pour donner du sens à une situation à postériori, et c’est du résultat de cette interprétation que nous avons « conscience ».

Ce module intervient après que les évènements se soient produits ! Ainsi, les scientifiques ont constaté qu’il y avait un délai qui pouvait aller jusqu’à une demie seconde entre l’apparition dans le cerveau des signes d’une action à venir et la prise de conscience de cette action ! En gros, au moment où nous prenons conscience des choses, elles sont déjà décidées dans notre cerveau depuis une demi-seconde !

Ce module tente par ailleurs de donner du sens coûte que coûte à une situation, quitte à se tromper.

Un cas édifiant est celui d’un patient qui avait une lésion l’empêchant de ressentir le sentiment de « familiarité ». Il reconnaissait les visages de ses proches mais ne ressentait plus d’émotion particulière lié à cette proximité. Et bien ce patient était convaincu que cet homme qui le suivait et s’occupait de lui était un imposteur qui avait pris la place de son père ! Son module interprète donnait un sens à cette situation ambiguë pour lui quitte à proposer une explication alambiquée !

Une autre expérience sur ce thème: on a dessiné sur le visage d’un patient une grosse cicatrice, en lui expliquant qu’on allait tester la réaction de son interlocuteur face à cette cicatrice. Mais juste avant de lui faire rencontrer la personne, on a effacé la cicatrice sous le prétexte de la rafraîchir. Donc quand il a parlé avec son interlocuteur, il n’avait plus aucune trace sur le visage. Pourtant ce patient a interprété tous les comportements de la personne en face de lui pour les rendre cohérents avec ce qu’il croyait être son apparence pendant la discussion !

 

Ce module interprète pourrait donc être ce fameux « mental »  conditionné dont on essaye de calmer les ardeurs par la méditation …

Malgré toutes les limites de ces découvertes récentes ces expériences semblent cependant confirmer à quel point nos « jugements » sont facilement biaisés par nos croyances et par le contexte.

Le mieux est donc sans doute d’éviter simplement tout jugement et d’apprendre à ne pas s’identifier aux pensées qui émergent dans notre « conscience » car elles ne sont que des interprétations – à postériori – et potentiellement fausses d’un faisceau d’informations remontées par notre cerveau !

Bonne pratique,

Julien.

Nous retrouver également sur:

Les commentaires sont fermés.