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Assoc. Française de méditation de Pleine Conscience

La posture de méditation

Derrière une apparente simplicité, il s’agit d’une question que je trouve particulièrement passionnante.

Faut-il s’asseoir, se lever, se coucher … être assis en tailleur, sur un siège, un zafu (coussin de méditation), un banc zen ?

Prenons les différentes postures une par une.

La position allongée. Elle pose simplement le problème de la vigilance. Naturellement le corps a tendance dans cette position à s’endormir. Or comme nous le savons la méditation n’est absolument pas une forme de sommeil mais au contraire l’exercice et le développement de la concentration et de la vigilance. La posture allongée présente quand même de nombreux avantages comme la stabilité, la symétrie et l’absence de tension. Elle sera particulièrement adaptée par exemple pour certaines méditations guidées ou nous recherchons avant tout la détente pour induire des états modifiés de conscience propices à l’intériorisation.

La position debout est très bonne en termes de stabilité, de symétrie et de rectitude, mais n’est pas adaptée pour de longues méditations immobiles. Elle est utilisée pour  des méditations en mouvement, comme la fameuse marche Zen Kinhin.

La posture assise. C’est la posture idéale : stable, que l’on peut maintenir longtemps sans trop d’effort, propice à la détente, à la rectitude etc.

Pour autant, certains points sont essentiels à respecter.

La symétrie. C’est sans doute la notion que je trouve la plus importante. Le corps doit être le plus symétrique possible. Les raisons ? D’abord parce que la symétrie est le meilleur moyen de répartir idéalement le poids du corps et de minimiser les tensions ou les douleurs. Ensuite – mais c’est de l’ordre du ressenti – vous pouvez constater rapidement par la pratique que l’esprit se concentre et s’apaise plus facilement lorsque la posture est symétrique et harmonieuse. Pourquoi ? Difficile à dire … la tradition parle de meilleure circulation d’énergie dans le corps. Je pense que la science n’est pas encore au point pour expliquer ce phénomène proprement, mais les médecins constatent tous les jours l’impact négatif d’une posture dissymétrique sur l’équilibre du corps et de l’esprit ! C’est même devenu une discipline à part entière : la posturologie.

La rectitude. La tradition dit que la colonne doit être « semblable à une pile de pièces d’or ». Là encore la validité de cette consigne est avant tout à expérimenter par Soi-même. La rectitude de la colonne permet de minimiser les tensions dans le dos et les épaules et de faire mieux circuler ces fameuses énergies. Elle est aussi l’indice que le méditant ne s’endort pas mais reste vigilant (particulièrement important dans Zazen). Enfin elle est porteuse d’un poids symbolique important : elle marque l’ouverture (en redressant la colonne la poitrine se dégage et s’ouvre) et la dignité, avec une influence directe sur l’état d’esprit du méditant. Elle s’obtient en surélevant les fesses, ce qui provoque une rétroversion du bassin et le redressement de la colonne.

La stabilité. Lorsque la méditation s’affine, il devient de plus en plus important d’avoir une posture stable. Si notre posture nous oblige en permanence à mobiliser notre énergie pour la rectifier ou la maintenir, cela trouble notre concentration, mobilise une partie de notre attention au détriment de la pratique et nous fatiguera plus rapidement sur la durée.

La position des pieds. Cette question est directement liée à celles de la symétrie et de la stabilité. Sachant qu’il n’y a pas de solution miracle : en croisant les jambes (en padmasana – le lotus par exemple), la stabilité est très bonne mais vous perdez en symétrie. Par ailleurs certains reprochent à cette posture une mauvaise circulation de l’énergie dans le corps. Personnellement, je trouve que l’assise sur une chaise au dossier droit est excellente. Elle permet une bonne stabilité, une excellent rectitude et symétrie. Par contre elle est beaucoup moins « folklorique » … et pas toujours adaptée (dans un cours par exemple pas toujours équipé de suffisamment de chaises !).

La position des mains. Là encore, il faut en faire l’expérience. Les mudras (positions des mains), influencent directement et subtilement notre état d’esprit. Les mains jointes sur le cœur (prière catholique) sont excellentes pour se concentrer, mais difficiles à maintenir dans la durée.  Les mains ouvertes tournées vers le ciel posées sur les genoux provoquent naturellement un état d’esprit d’ouverture. Les mains ouvertes paumes contre les genoux favorisent la stabilité et l’intériorisation.

La tradition bouddhique invite à poser la main gauche dans la main droite, pouce droit en contact (ou l’inverse pour les traditions tantriques). Je trouve que cette posture est excellent pour l’ouverture, la stabilité, mais son manque de symétrie me dérange et je trouve qu’elle favorise de ce fait le travail sur une partie seulement de notre esprit (liée à la latéralisation des hémisphères et à leurs caractéristiques propres ?).

A vous donc de trouver le (la ?) mudra qui vous correspond et qui correspond à la méditation que vous souhaitez mener !

Les yeux. Ouverts ou fermés ? J’ai entendu un maître conseiller aux occidentaux de les garder fermés (car plus naturellement agités mentalement) et aux orientaux de les garder mi-ouverts (pour éviter la somnolence) !! Vous l’avez compris, cela dépend de l’effet recherché … Si vous sentez que garder les yeux ouverts vous pose des problèmes de concentration, alors fermez-les ! Sinon, vous pouvez les garder mi-ouverts, dirigés sans efforts légèrement devant vous.

 

Voilà une synthèse de ce que je peux dire sur ce sujet fondamental. Je vous invite à utiliser le développement de votre vigilance pour précisément « questionner » votre posture, l’ajuster, et l’utiliser comme support de méditation !

Bonne pratique,

Mettas.

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